L’Initiative citoyenne alsacienne pour plus de démocratie (ICA) que j’ai l’honneur de présider est un lieu de réflexion et de proposition, dont l’objectif est double. Il s’agit pour elle d’une part de diffuser une culture politique et de contribuer à la formation de la volonté politique et d’autre part de constituer un rassemblement citoyen pour la défense des intérêts alsaciens. Son régionalisme n’est pas un ethnisme (1). Il est « démocratisme » et s’inscrit dans le post-nationalisme et le principe d’union dans la diversité. Elle compte plus de 300 membres et est suivie dans ses actions par plusieurs milliers de sympathisants.
Réforme territoriale, identité alsacienne, langue et culture régionales
L’Alsace a une identité. Elle est une et plurielle. L’Alsace, la Lorraine, la Champagne-Ardenne n’ont pas d’identité commune en dehors de celle française. Imagine-t-on un pouvoir national qui ne reposerait pas sur une identité nationale, une identité nationale sans pouvoir national ? Alors, pourquoi vouloir d’un pouvoir régional qui ne reposerait pas sur une identité régionale, une identité régionale sans pouvoir régional ? Pourquoi ce qui serait vertu dans un cas, serait-il vice dans l’autre ?
La fusion est faite. Est-ce un progrès ? Le véritable progrès aurait été de considérer que la réforme devait porter bien moins sur une question de taille que sur une question de démocratie de proximité et de principe de subsidiarité. Le véritable progrès aurait été de considérer que la réforme devait porter bien moins sur une question de taille que sur une question de pouvoir et de responsabilité (2) fondés sur une identité.
La langue régionale, qu’il s’agisse des dialectes alémaniques et franciques ou de l’allemand standard, a considérablement régressé tant au niveau de sa connaissance que de sa pratique. Son emploi dans l’espace publique est insignifiant. Partant du principe qu’une langue ne peut vivre et survivre que si elle bénéficie d’un emploi normal dans tous les domaines de la vie sociale, économique et culturelle, il s’agit de lui garantir un tel emploi (3) et d’abolir toute forme de discrimination et d’ostracisme à son encontre.
Posons-nous la question de savoir comment se construit une identité collective. Si toute identité naît de l’identification, les identités collectives naissent d’une identification partagée à ce qui est présenté de cette identité au travers de la socialisation-transmission qui elle-même se fait en fonction d’une stratégie identitaire. Il s’agit donc d’une construction. Or qu’en est-il de la socialisation-transmission et de la stratégie identitaire ? La socialisation-transmission en cours en Alsace comme partout ailleurs en France est une socialisation-transmission inscrite dans une stratégie identitaire purement et simplement française, c’est-à-dire qu’elle fait largement, sinon complètement, fi de la diversité française pour ne retenir qu’une francité fermée et repliée définie principalement par l’unicité de la langue, de l’histoire et de la culture françaises, au lieu et place d’une francitude ouverte et étendue fondée sur une culture plurielle en vertu du principe de l’union dans la diversité.
Pour preuve : quelle place est donc réservée à l’école et dans les médias publics par la socialisation-transmission à la langue, à l’histoire et à la culture dites régionales et en général aux éléments identificatoires alsaciens ? Elle est indigente (4).
Une régionalisation renforcée constituerait un atout pour la France du XXIe siècle
En levant les trop nombreuses tutelles, la France libérerait les initiatives et les énergies. En faisant enfin confiance au fait régional, elle gagnerait en efficacité économique. En mettant en œuvre le principe de subsidiarité, elle garantirait proximité et participation. En développant les droits linguistiques et culturels de ses régions, elle rendrait justice à sa propre diversité et ne pourrait qu’en tirer avantage. Pierre Klein, président ICA
Notes :
- Déjà parce que l’ethnisme est incompatible avec le bilinguisme et la culture plurielle.
- On voit plus loin de la plate-forme de la Cathédrale de Strasbourg que de la tour Eiffel. On voit que dans les pays environnants l’Alsace, il y a des Régions très grandes et d’autres très petites, par exemple : la taille de la Bavière est sans commune mesure avec celle de la Sarre ou de Brême.
- À l’exclusion du domaine régalien de l’État.
- Demandons-nous ce que serait l’identité française sans un enseignement de la langue, de l’histoire et de la culture françaises, sans une socialisation-transmission des éléments identificatoires français.
Madame la candidate, Monsieur le candidat, si vous remportez les élections législatives :
- Pensez-vous qu’il faille tenir compte du désir des Alsaciens de retrouver une institution politique propre à l’Alsace et engagerez-vous ou accompagnerez-vous les démarches parlementaires nécessaires ? L’institution propre à l’Alsace pourrait consister à recréer l’ancien Conseil régional d’Alsace, mais il faudrait profiter de l’occasion pour relancer le Conseil d’Alsace, conseil qui par exemple fédérerait en son sein les différentes collectivités et les différentes sensibilités politiques.
- Qu’il s’agisse du retour pur et simple à l’ancien Conseil régional ou de la création d’un Conseil d’Alsace obtenu par la loi, souhaitez-vous que celle-ci intègre des pouvoirs et des moyens nouveaux pour la région en vertu du droit à l’expérimentation ?
- En matière de langue et de culture régionales agirez-vous pour que la France ratifie enfin la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires et/ou pour qu’elle finalise une loi qui en adopte les principes ?
- S’agissant de la culture et de l’identité alsaciennes, pensez-vous qu’il serait utile de faire bénéficier la population scolaire alsacienne d’un enseignement de l’histoire et de la culture d’Alsace ?
Réponses (J’autorise qu’il soit fait publiquement état de mes réponses). Nous vous prions de bien vouloir répondre, soit par voie postale ou sur notre site web à l’adresse URL : http://www.ica2010.fr/conseil/enquete-citoyenne-aupres-des-candidats-aux-elections-legislatives-de-2017/
Réforme territoriale
- Êtes-vous pour que l’Alsace retrouve une Institution politique propre ? Oui ou non
- Engagerez-vous les démarches parlementaires à cette fin ou vous y joindrez-vous ? Oui ou non
- Êtes-vous pour la création d’un Conseil d’Alsace regroupant les compétences des deux Conseils départementaux alsaciens et ceux de la Région ? Oui ou non
- Pensez-vous qu’une Institution politique propre à l’Alsace doit disposer de pouvoirs et de moyens accrus ? Oui ou non
Langue régionale
- Une Institution politique propre à l’Alsace devrait pouvoir assurer en particulier la gestion de tout ce qui concerne la langue et la culture régionales ? Oui ou non
- Êtes-vous favorable à la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires et/ou à une loi qui en adopte les principes ? Oui ou non
Identité alsacienne
- Êtes-vous favorable à un enseignement à la population scolaire alsacienne de l’histoire et de la culture d’Alsace ? Oui ou non
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