• Accueil
  • Qui sommes-nous ?
  • Les éditions « Elsass Journal » en pdf
  • Courrier des lecteurs
  • Nous contacter
  • Tabloïd à la demande

Elsass-Alsace Journal

« Relation », une tribune citoyenne

  • Édito
  • Politique
  • Transfrontalier
  • Europe
  • Économie
  • Écologie
  • Histoire
  • Culture
  • Société
  • Les rédacteurs
    • Jean-Philippe Atzenhoffer
    • Jean-Pierre Berg
    • Gilbert Dalgalian
    • Jean-Alain Héraud
    • Robert Hertzog
    • Alain Howiller
    • Patrick Kintz
    • Pierre Klein
    • Yves Plasseraud
    • Jean-Marie Woehrling
Vous êtes ici : Accueil / Politique / L’Avenir institutionnel de l’Alsace : en amont, il y a l’identité !

L’Avenir institutionnel de l’Alsace : en amont, il y a l’identité !

27 septembre 2017 par Pierre Klein Laisser un commentaire

Article Vues : 629
image_pdfimage_print

Pierre KLEIN
Président Initiative Citoyenne Alsacienne

Discours introductif à la réunion publique du 2/9/2017 à Sélestat portant sur l’avenir institutionnel de l’Alsace en présence de 9 parlementaires alsaciens, des deux présidents de Conseil départemental (67 et 68), d’une douzaine de personnalités qualifiées et d’un nombreux public (220 personnes).

La réforme territoriale mise en œuvre par le gouvernement précédent supprimant le Conseil régional d’Alsace a été largement désapprouvée par les Alsaciens. Un sondage BVA daté de 2015 a démontré que 86 % des Alsaciens étaient opposés à la réforme. Un sondage CSA réalisé en 2017 montre que c’est toujours le cas. 84 % des Alsaciens rejettent toujours la fusion. Lors d’un débat organisé par les Collectivités territoriales en 2014, 97 % des élus des conseils, régional (Alsace) et départementaux (Bas-Rhin et Haut-Rhin), s’étaient prononcés, dans leur délibération, contre la fusion. Par ailleurs, 270 communes (soit 1/3 des villages alsaciens) avaient adopté une motion demandant à ce que l’Alsace soit maintenue dans son périmètre historique. Lors des débats au Parlement, aucun député ou sénateur alsacien n’a voté en faveur de la fusion. Le Sénat a rejeté par deux fois la carte qui faisait disparaître l’Alsace. Une pétition datée de 2015 signée par près de 117 000 Alsaciens demandait que soit organisé un référendum au sujet de la réforme territoriale alors en cours.

Mais rien n’y fit. Dans cette affaire, la France alla même jusqu’à renier sa signature de la Charte européenne de l’autonomie locale. Et seul le légalisme alsacien a permis de trouver des élus pour mettre la réforme en œuvre. Mais ce qui est légal n’est pas toujours légitime.

L’Alsace institutionnelle est morte et avec elle la citoyenneté régionale alsacienne. Mais l’Alsace vivra tant que les Alsaciens partageront un sentiment d’appartenance et développeront un agir ensemble alsaciens, autrement dit tant que vivra l’identité collective alsacienne. Mais le peuvent-ils ? C’est justement là que se situe un des nœuds du problème alsacien.

On entend beaucoup dire depuis la fusion de l’Alsace dans le Grand Est que l’identité de l’Alsace n’est en rien menacée. Certes, si l’Alsace n’est qu’un mot, qu’une notion géographique, cela demeurera. Si l’identité de l’Alsace se résume à la choucroute et aux maisons à colombages, elle ne sera en rien menacée. Mais l’identité alsacienne ne saurait se résumer à cela, tant ses éléments identificatoires anciens ou actuels sont riches et variés.

D’aucuns comparent la fusion du Grand Est avec celle du Bade-Wurtemberg pour dire que le Pays de Bade n’a en rien disparu et que donc l’Alsace ne disparaîtra pas. Comparaison n’est pas raison. Entre le Pays de Bade et le Wurtemberg, il n’y a pas plus de différence qu’entre le Haut-Rhin et le Bas-Rhin. Au fait, qu’est-ce qui serait haut-rhinois et qui ne serait pas alsacien. Qu’est-ce qui serait bas-rhinois et qui ne serait pas alsacien. Badois et Wurtembergeois partageaient le dialecte alémanique1, le « Schwäbisch », c’est aussi de l’alémanique, et quand on partage la même langue, on partage aussi très largement la même culture, notamment populaire. En fusionnant l’Alsace avec la Lorraine et Champagne-Ardenne, rien de cela ne préexistait. Par l’origine linguistique, l’Alsace est du « Ja », la Lorraine et la Champagne-Ardenne sont d’oïl2, donc d’un fond culturel tout à fait différent.

Évidemment, si l’on ne prend pas en considération l’élément proprement alsacien de l’identité française des Alsaciens, si l’on considère que les identités alsacienne, lorraine, champenoise et ardennaise sont alignées, dans ce cas l’identité alsacienne restera ce qu’elle est.

Pourquoi centrer le discours sur l’identité. Si l’Alsace avait réellement une identité forte et partagée, nous ne serions pas ici aujourd’hui. L’Alsace se serait de longue date dotée des pouvoirs et des moyens lui permettant de gérer ce qui lui est propre et pour sûr aurait refusé une fusion, si toutefois une telle proposition lui avait été faite.

Quatre jours après le référendum de 2013, je retrouvais un homme politique influent lors d’une réunion au rectorat. Assis à côté de moi, il vint à me dire « Ah j’aurais pensé que les Alsaciens auraient voté plus Alsace ». Je lui répondis, mais qui parle d’Alsace aux Alsaciens et de quelle Alsace leur parle-t-on ? 3

Au fond tout découle de l’identité. Les collectivités constituées en une institution politique forte ont une identité forte et à une identité forte correspond une collectivité forte. Les collectivités naissent de l’identité collective qu’elles font naître et inversement.

Posons-nous la question de savoir comment on devient Français. On le devient en s’identifiant à ce que l’on nous présente de la France. Posons-nous la question de savoir pourquoi l’on ne devient plus Alsacien ou si peu, parce que rien ou si peu ne nous est présenté de l’Alsace. Exemple ! Pourquoi enseigne-t-on l’histoire et la culture de France ? Pour « fabriquer » du Français. Pourquoi n’enseigne-t-on pas les histoires et les cultures d’Alsace ? Pour ne pas fabriquer de l’Alsacien ! L’Alsace qui a une histoire, voire des histoires, n’a ce faisant pas de mémoire et donc de conscience qui est la mémoire que l’on n’oublie pas.

Posons-nous la question de savoir comment se construit une identité collective. Si toute identité naît de l’identification, les identités collectives naissent d’une identification partagée à ce qui est présenté de cette identité au travers de la socialisation-transmission qui elle-même se fait en fonction d’une stratégie identitaire. Il s’agit donc d’une construction. Or qu’en est-il de la socialisation-transmission et de la stratégie identitaire ?

La socialisation-transmission en cours en Alsace comme partout ailleurs en France est une socialisation-transmission inscrite dans une stratégie identitaire purement et simplement française, c’est-à-dire qu’elle fait largement sinon complètement fi de la diversité française pour ne retenir qu’une francité ethnocentrée définie principalement par l’unicité de la langue, de l’histoire et de la culture françaises, au lieu et place d’une francitude ouverte sur la propre diversité, construisant un vivre ensemble dans le respect de l’autre et l’équité4 .

Pour preuve : quelle place est donc réservée à l’école et dans les médias publics par la socialisation-transmission à la langue, à l’histoire et à la culture dites régionales et en général aux éléments identificatoires alsaciens ? Elle est indigente5.

Voilà bien le nœud du problème et ceux qui prétendent que l’identité alsacienne n’est en rien menacée, soit ils ignorent tout de la construction identitaire, soit ils se contentent de peu ou s’en fichent. En tout cas, pour de multiples raisons ils ne remettent pas en question un système qui programme depuis longtemps la fin des identités régionales. Et de résignation en abandon, les mêmes ont assisté l’arme au pied à la déconstruction de pans entiers de ce qui faisait l’Alsace linguistique, culturelle, économique, politique et sociale6.

Mais la fusion a un côté positif. La suppression du Conseil régional d’Alsace nous fournit une bonne raison d’ouvrir le débat et d’apporter une pierre à l’édifice aux nécessaires rénovations et reconstructions.

Alors que des pans entiers de ce qui faisait l’Alsace ont, répétons-le disparu, et que des pans entiers de ce qui fait l’Alsace d’aujourd’hui sont menacés dans leur existence7, il revient aux Alsaciens eux-mêmes soit d’y consentir, de s’y résigner ou de (re)prendre leur avenir alsacien en main et d’agir ensemble pour construire demain une Alsace réconciliée avec elle-même, ouverte à 360 degrés et mettant en œuvre toutes ses potentialités. Werde wer du bist !8

Si l’Alsace est sortie traumatisée par une mauvaise Allemagne du conflit de 1940-1944/1945 et si un post traumatisme alsacien s’est caractérisé pendant des décennies par un antigermanisme primaire, de surcroît tourné contre soi-même et donc par une certaine schizophrénie alsacienne, le temps de la résilience, n’est-il pas venu 70 ans plus tard ? Celui de la mise en œuvre de toutes les capacités, propriétés et potentialités, le temps de l’épanouissement. L’Alsacien a l’intuition de son histoire, si la vérité lui est dite, cette vérité le (re)construira. Il revient aussi au pouvoir politique de la dire et de la mettre en œuvre.

Un sursaut s’impose ! La France ne sera que plus riche d’une telle Alsace et ne sera que plus elle-même. Une France plurielle !

Encore faut-il qu’intervienne une pédagogie, un débat dont les Alsaciens n’ont été que trop privés, mettant sur la table les tenants et les aboutissants des politiques poursuivies en Alsace depuis des décennies et construisant une véritable culture politique pour permettre aux Alsaciens de se déterminer en toute connaissance de cause. La France est une démocratie et en démocratie le dernier mot doit revenir au peuple, le premier aussi d’ailleurs. Encore faut-il que le peuple ne soit pas laissé dans l’inculture et qu’on lui donne la parole.

On verra bien où se situent les démocrates ! Avis est lancé aux médias, publics notamment9 ! Avis est lancé à la classe politique, alsacienne notamment ! Avis est lancé au peuple, d’Alsace notamment ! Ce qui n’est pas demandé ne sera pas obtenu !

Les Alsaciens ne sont évidemment pas opposés aux coopérations avec nos partenaires de Lorraine et de Champagne-Ardenne. Ce serait idiot. L’Alsace n’est ni une île ni un « finistère ». Elle ne peut vivre en autarcie. Elle ne se suffit pas à elle-même. Son avenir se situe autant dans son identité propre que dans l’ouverture aux autres… à 360 degrés, dans une identité une et plurielle, fondée sur le « démocratisme » et non sur l’ethnisme.

Les Alsaciens sont bien conscients de tout ce qu’ils partagent avec le reste de la nation, mais en même temps ils connaissent aussi leurs particularités, leurs besoins et intérêts propres en matière de langue, de culture, d’identité, d’histoire, mais aussi d’économie, de « transfrontalité » et de droit, et estiment qu’ils sont le mieux à même de les définir et de les gérer en vertu du principe de subsidiarité. En premier lieu, il s’agit pour eux de construire ou de reconstruire l’identité collective alsacienne, de laquelle tout découle finalement.

Mesdames et messieurs, l’Alsace a déjà raté à plusieurs occasions des rendez-vous que lui donnait l’histoire faute d’union, notamment de sa classe politique. Ne ratons pas celui qui ouvre maintenant une possibilité de voir l’Alsace retrouver une institution politique propre. Soyons unis, citoyens d’Alsace et exprimons notre volonté !

Notes

  1. Dialecte parlé en Alsace, au Bade-Wurtemberg, en Suisse et dans le Vorarlberg autrichien.
  2. Jadis, au nord de la Loire, en pays roman, on disait oïl pour dire oui.
  3. Le même avait refusé de mettre l’accent lors de la campagne référendaire sur la question de l’identité, ne parlant pour l’essentiel que d’économie aux Alsaciens. Peur de son ombre ? Le dynamisme recherché n’est-il pas à trouver dans des régions au contour pleinement accepté et ressenti par les populations, comme disait mon ami Yves Plasseraud ?
  4. C’est pour le moins ainsi que le ressentent ceux parmi les Bretons, les Basques, les Corses… qui voient depuis disparaître leur langue première. Que ceux qui ont le français pour langue se demandent quelle serait leur attitude face à la disparition de leur langue. Gageons qu’ils comprendraient alors les régionalistes. D’ailleurs, de nombreux sondages révèlent que les Français ne sont pas hostiles aux langues régionales. Mais leur avis compte-t-il auprès de certains sachants ou autres ténors de la politique qui voient dans les langues régionales un danger pour la République et une menace pour l’unité nationale (sic).
  5. Demandons-nous ce que serait l’identité française sans un enseignement de la langue, de l’histoire et de la culture françaises, sans une socialisation-transmission des éléments identificatoires français.
  6. Non que nous défendions une identité essentialiste ou substantialiste, c’est la déconstruction que nous critiquons.
  7. À titre d’exemple que reste-t-il du fameux bilinguisme alsacien dont beaucoup font des gorges chaudes à l’heure où la pratique dialectale est au plus bas, où l’allemand, langue historique de l’Alsace, est perçu par beaucoup comme langue étrangère et où dans toutes les régions bilingues d’Europe, l’enseignement des langues régionales ou minoritaires est généralisé. En Alsace, pas même un quart des enfants sont scolarisés en filière bilingue…
  8. Autrement dit, épanouis-toi ! Fais ce que tu peux faire !
  9. Quand donc a eu lieu le dernier débat autour des questions alsaciennes. Quel cas fait-on de l’histoire et de la culture d’Alsace. Pas grand cas. Et si dans les années soixante-dix ou quatre-vingts des Germain Muller, des André Weckmann, des Jean-Jacques Schaettel, des Roger Siffer, des Raymond Matzen, des Emma Guntz, des René Egles, et j’en passe, tenaient les antennes, aujourd’hui, ils n’y trouveraient plus aucune place. Autrement dit, une telle pléiade pourrait-elle encore éclore aujourd’hui ?
image_pdfimage_print

Catégorie(s) : Politique

Laisser un commentaire Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*
Pour prouver que vous êtes une personne (pas un script de spam), tapez le mot de sécurité affiché dans l'image. Si le mot Invalid d'affiche recharger la page pour obtenir un mot d'Alsace
Anti-spam image

Recherche

Abonnez-vous à notre journal gratuit

Nous suivre aussi sur

  • Facebook
  • Twitter
  • YouTube

Les archives

  • septembre 2018 (7)
  • juin 2018 (9)
  • mai 2018 (9)
  • février 2018 (12)
  • janvier 2018 (4)
  • décembre 2017 (1)
  • novembre 2017 (9)
  • octobre 2017 (15)
  • septembre 2017 (7)
  • juin 2017 (4)
  • mai 2017 (13)
  • avril 2017 (12)
  • mars 2017 (10)
  • février 2017 (13)
  • janvier 2017 (11)
  • décembre 2016 (7)
  • novembre 2016 (4)
  • octobre 2016 (3)
  • septembre 2016 (3)

Vos derniers commentaires

  • meschberger dans Les classes bilingues paritaires français-allemand en danger ?
  • Fryslan. Le Bilinguisme Serein – Words, Sound and Vision dans Fryslan. Le Bilinguisme Serein
  • Helms Paul dans « 83 % des Alsaciens souhaitent le retour à l’Alsace. » Quelques remarques sur le sondage de février 2018
  • vivier dans Une Utopie mobilisatrice commune pour les « anciens » et les « nouveaux » Alsaciens
  • Sylvie Spitzer dans « Course pour la Langue régionale d’Alsace »

Étiquettes

Adrien Zeller Agriculture allemand alsacien Antiquité apprentissage artisanat assurance-maladie bilinguisme Conseil culturel d’Alsace Corse Culture culture bilingue droit des cultes Droit local droit local alsacien-mosellan Environnement Géographie Gérard Longuet Identité culturelle Identité politique Industrie Internationalisation Jean-Guy Talamoni Jean-Pierre Masseret langue Langues Marc Chaudeur Moyen Âge média Pierre Pflimlin psychanalyse relatio Religions Rhin Rhin Supérieur Romains rédacteurs régime local Région Tourisme Transport Vie associative Économie âge d’or

Informations

  • Qui sommes-nous ?
  • L’équipe
  • Mentions légales
  • Nous contacter

Les archives

  • septembre 2018 (7)
  • juin 2018 (9)
  • mai 2018 (9)
  • février 2018 (12)
  • janvier 2018 (4)
  • décembre 2017 (1)
  • novembre 2017 (9)
  • octobre 2017 (15)
  • septembre 2017 (7)
  • juin 2017 (4)
  • mai 2017 (13)
  • avril 2017 (12)
  • mars 2017 (10)
  • février 2017 (13)
  • janvier 2017 (11)
  • décembre 2016 (7)
  • novembre 2016 (4)
  • octobre 2016 (3)
  • septembre 2016 (3)

Les rubriques

  • Manifeste (1)
  • Pétition (2)
  • Bilinguisme (6)
  • Compte rendu (1)
  • Annonce (1)
  • Communiqué (9)
  • Droit (1)
  • Santé (1)
  • Lettre Ouverte (6)
  • Vortrag (1)
  • Billet d'humeur (5)
  • Édition (1)
  • Actualités (3)
  • Éditorial (1)
  • Société (7)
  • Économie (5)
  • Transfrontalier (8)
  • Culture (34)
  • Europe (10)
  • Histoire (3)
  • Politique (48)

Nos partenaires

  • ICA 2010
  • Centre Culturel Alsacien
  • Fédération Alsace bilingue
  • Éditions Allewil Verlag

Copyright @ 2016 ElsassJournal.com

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site. Si vous continuez à utiliser ce dernier, nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies.Ok